01-27 – 1794 – « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton »

Le député des Hautes-Pyrénées Bertrand Barère de Vieuzac déclare à la Convention que le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton.

L’avocat Barère, membre du Comité de salut public, souligne dans cette déclaration les difficultés du régime révolutionnaire à s’imposer dans quatre régions : la Bretagne et la Vendée, soumises selon lui à l’autorité du clergé ; l’Alsace où l’on parle la langue des Prussiens et des Autrichien ; le Pays basque, hermétique au français ; et la Corse où l’usage de l’italien favorise l’influence du pape. Plus généralement, ce texte montre la volonté des révolutionnaires de franciser profondément le territoire qu’ils contrôlent et de créer « des hommes nouveaux », des citoyens unis par ce qu’ils considèrent « la langue de la raison et du progrès » : le français.

« Le législateur parle une langue que ceux qui doivent exécuter et obéir n’entendent pas.
« Il faut populariser la langue, il faut détruire cette aristocratie de langage qui semble établir une nation polie au milieu d’une nation barbare.
« Nous avons révolutionné le gouvernement, les lois, les usages, les moeurs, les costumes, le commerce et la pensée même ; révolutionnons donc aussi la langue, qui est leur instrument journalier.
.. Vous avez décrété l’envoi des lois à toutes les communes de la République ; mais ce bienfait est perdu pour celles des départements que j’ai déjà indiqués. Les lumières portées à grands frais aux extrémités de la France s’éteignent en y arrivant, puisque les lois n’y sont pas entendues.Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur ». Rapport du Comité de salut public sur les idiomes, présenté par Barère à la Convention le 8 pluviôse an II.